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Titre du blog : Histoire d'Angers SCO
Auteur : ecritsetmemoires
Date de création : 28-11-2009
 
posté le 06-01-2010 à 09:29:05

         Après une coupure due à quelques jours de vacances, la trêve des confiseurs comme l'on dit, nous recommencons aujourd'hui à alimenter notre blog. Nous avons décidé de remonter dans le temps et de nous intéresser aux débuts de Raymond Kopa au SCO. Nous sommes en 1949 et un jeune footeux va sortir des mînes pour devenir une star du foot. Pour l'anecdote, les dirigeants angevins sont allés le chercher à Noeux les Mînes où il jouait alors au sein d'un patronage et le chèque de son transfert au SCO aurait été touché par le curé responsable de ce patronage. Cette anecdote nous a été confiée par M. Jean Keller, ancien président du club.

         En 1949, après les échecs d'une politique de recrutement de stars qui ont affaibli les finances du club, il est décidé de faire avec des jeunes. Ce fut ce que l'on a appelé "l'Equipe Biberon" :

 

L'échec de la saison de la saison 1948-1949 entraîne le départ de Magnin et de sévères restrictions budgétaires. C'est l'exode dans l'effectif du SCO : parmi les titulai­res, il ne reste que Kadmiri et Pordié qui est promu capitaine. Une 15ème place en championnat de France de Deuxième division professionnelle et une élimination au 6ème tour de la Coupe de France contre des amateurs sanctionneront cette saison.Départs : Bykadoroff (Montpellier), Chipponi (Le Mans), Duquesnoy (Le Mans), Jurily (Racing), Martin (La Corogne), Michlowski (St-Etienne), "Nino" (Le Havre), Peynaud (Alès), Ramnout (Montpellier), Samzun, Thuau (Le Mans) Arrivées : Champion (Racing), Crespo (Charenton), Fournet-Fayard (Pont-de-Chéruy), "Kopa" (Noeux-les-Mines), Léglise (Montpellier), Rodionoff (Le Mans), Rousseau (Le Mans), Saupin (Angoulême), Veneziano (Béziers) Effectif : Benatar, Champion, Combot, Crespo, Esteban, Fournet-Fayard, Guhel, Jamet, Kadmiri, "Kopa", Léglise, "Pacco", Pordié, Renard, Rodionoff, Rousseau, Saupin, Toscanelli, Vénéziano. Le nouvel entraîneur, choisi par les dirigeants scoïstes, s'appelle Camille Cotti, un ancien joueur professionnel, âgé de 39 ans. Il a dirigé Le Mans, Saumur et Cholet et se passionne pour la formation, qualité appréciable en cette période où le SCO doit reconstruire une équipe à bon marché. Comme membre du jury du concours du meilleur jeune footballeur, il a pu apprécier les qualités de deux jeunes que le SCO s'empresse de recruter : Jean Saupin et son dauphin Raymond Kopaszewski, un jeune nordiste qui fera parler de lui... Le reste de l'effectif est complété par le gardien Champion, testé contre Sarrebruck l'année précédente, par l'étudiant Fournet-Fayard (futur président de la Fédération Française de Football), et quelques échanges avec Le Mans et Montpellier. Les clubs sarrois de Sarrebruck et Neunkirchen ont à nouveau été réfutés, contrairement au second club professionnel de Marseille, le Groupe Sporting Club, contre lequel le SCO entame sa cinquième saison professionnelle de superbe manière : à Bessonneau, devant trois mille spectateurs, Combot, Crespo et Esteban (2 fois) marquent les quatre buts de la victoire angevine : le SCO est déjà au commandement, ce qui constitue tout de même une surprise. Malheureusement, elle ne dure pas : quatre défaites plus tard, il est descendu à la seizième place. Le renfort du biterrois Veneziano permet de stabiliser la défense, d'où une notable amélioration en octobre et novembre. Ensuite, les jeunes Angevins alternent les bons et les mauvais résultats : nul contre la leader invaincu Nîmes (2-2, 21ème journée), victoires éclatantes au Mans (5-1) et contre le CAP (4-0, tarif annuel), mais aussi défaites à Valenciennes (3-0), à Troyes (4-0), à Amiens (4-0) et surtout, élimination d'entrée, au 6ème tour de la Coupe de France, par les amateurs de l'AS Française du Perreux (3-0). Certes, les banlieusards pratiquent en CFA, c'est à dire dans l'élite amateur quasiment aussi forte que la D2 professionnelle, mais cette élimination est tout de même la première du SCO pro face à une équipe présumée inférieure. La fin de cette saison de transition s'écoule sans relief, dans le dernier tiers du classement. Grâce à une belle victoire finale contre Besançon (4-0 au stade Bessonneau), le SCO se classe 15ème en devançant, sur le fil, Monaco juste devant Nantes, avant-dernier, tandis que le valeureux CAP, comme souvent, termine dernier. Un article de B. Blanchet, suite à un entretien avec Raymond Kopa, illustre cette époque : « Agés de 18 à 20 ans les Kopa, Guhel, Saupin, Rousseau et Crespo réalisent une saison prometteuse, mais les résultats ne sont toujours pas là. Le SCO s'enfonce vers une crise. Des problèmes financiers apparaissent et seule une subvention municipale permet au SCO de continuer.

C'était nécessaire d'autant que, depuis 1950, la première école de football ange­vine voit le jour. Autour de Camille Cotin, 300 élèves apprennent les bases du football avec l'ancien entraîneur de Raymond Kopa. Revenons sur cette période :

Photo site angerssco.yougs.com

 

          

« On ne trouvait jamais rien de mieux que de nous prendre en photo devant les toilettes ! » La réflexion amusée de Raymond Kopa (deuxième joueur accroupi à gauche), donne une idée des moyens de l'époque. Raymond Kopa a été sans conteste le joueur le plus célèbre à avoir porté le maillot blanc du SCO. Il y a fait ses débuts professionnels à une époque où le club connaissait une passe plutôt difficile. En 1949, le SCO était dans une situation bien délicate. Les finances, mises à mal par la politique de recrutement spectaculaire engagée sans résultat réellement probant en 1946, ne supportaient plus le moindre écart. Aston, Simonyi, Cisnéros, Samzun, Etienne, Bykadoroff, et beaucoup d'autres joueurs encore, avaient dû être transférés à la va-vite pour boucher les trous. L'ancien joueur de Cholet, Camille Cottin, engagé cette année-là comme entraîneur, se demandait donc, avec un brin d'inquiétude, comment il parviendrait à former une équipe compétitive. Quand on n'a pas d'argent, il convient d'avoir des idées. Camille Cottin n'en était heureusement pas dépourvu. Il engagea donc Saupin, Rousseau, Guhel et Kopa, quatre gamins de 18 ans, tous lauréats du concours du Jeune Footballeur la même année.La famille Kopazewski, immigrée de Pologne, s'était installée dans le « pays noir » à Nœux-les-Mines. Formé à la dure école du bassin houiller (il y laissa son index gauche écrasé par un roc à la suite d'un éboulement), le jeune Raymond Kopa s'était déjà fait un nom dans la région nordiste. « Lens, Lille et Roubaix avaient l'œil sur moi, mais ils me trouvaient sans doute trop petit ! »

           Camille Cottin ne s'arrêtera pas à ces considérations et lui proposera bien vite un contrat de semi professionnel. « Cottin est la personne qui m'a le plus marqué lors de mon passage au SCO. Pour les joueurs, c'était bien plus qu'un entraîneur. Il s'occupait de tout au club, de nos loisirs en particulier. Je me souviens notamment des parties de pêche qu'il organisait. Vraiment un type super !

  Raymond Kopa (au centre sur la photo) sous le maillot angevin au stade Bessonneau (la maison derrière les joueurs était le vestiaire de l'époque). Très rare document prêté gracieusement par l'intéressé lui-même

Photo site scoangers.yougs.com

       

La future star du Réal de Madrid avait donc quitté, sans regret, son difficile métier de mineur de fond, mais il ne roulait pas sur l'or pour autant. Les centres de formation n'existaient pas encore et les conditions de vie des jeunes professionnels étaient donc particulières. « Pendant deux ans à Angers, j'ai logé chez l'habitant. De plus, comme je n'étais que semi pro, j'étais censé trouver un emploi, j'avais donc choisi l'électricité... mais on ne m'a jamais fourni de travail ! » D'un point de vue strictement sportif, Raymond Kopa garde le souvenir de deux saisons particulièrement difficiles. L'enthousiasme et le talent de cette équipe de minots (outre les quatre joueurs déjà cités, il fallait rajouter Estéban et Crespo qui avaient eux aussi moins de vingt ans) allaient cependant permettre d'assurer le maintien en seconde division ce qui, compte tenu de l'importance des départs, constituait déjà un exploit. « Les débuts de saison étaient assez brillants, mais après, il fallait cravacher et l'atmosphère autour du stade devenait assez particulière. Je me souviens d'une fois où quelqu'un avait déposé une lanterne rouge dans le rond central au moment de notre entrée sur le terrain. Ça vous donne une idée de l'ambiance ! »

Aux soucis sportifs s'ajoutaient les soucis financiers. Lors de la saison 50-51, la section pro, menacée de disparition, n'avait pu repartir que grâce à l'extrême compré­hen­sion de la municipalité. Kopa, dont la réputation devenait chaque jour plus flatteuse, allait bientôt être un centre d'intérêt pour les clubs plus huppés. Le SCO, en recherche permanente d'argent frais, ne pourra pas retenir bien longtemps son joueur le plus populaire. En avril 1951, le stade de Reims vient à Angers, à l'occasion d'un match amical et Albert Batteux remarque bien vite le petit avant angevin. « Suite à ce match amical, je suis parti un mois en tournée avec Reims en Algérie. Au retour, j'ai signé avec le club champenois pour 1,8 million de francs ». La page angevine est tournée. A peine un an plus tard, Raymond Kopa obtiendra sa première sélection en équipe de France et il s'envolera pour la prestigieuse carrière que nous lui connaissons.

Ce passage est tiré du tome 1 de l'histopire du SCO (1919-1979). L'ouvrage, comme les deux autres tomes (1979-1994 et 1994-2009) est toujours disponible auprès de l'association (ecritsetmemoires@dbmail.com).

A bientôt pour de npouveaux passages de l'histoire du SCO et bonne année 2010 à tous ceux qui nous font l'honneur de nous lire.