posté le 04-12-2009 à 17:33:35
Les débuts du SCO et l'ère amateur
Le 15 octobre 1919, le café du Ralliement, dans le centre ville Angevin, allait devenir un lieu historique pour le football puisque c’est dans ce lieu que la création du Sporting Club du Crédit de l'Ouest, à l'initiative de Paul Fortin, fut décidée.Aidé par le seul club de Football Association existant alors en Maine et Loire, le Club Sportif Jean Bouin (CSJB), le SCCO, appelé rapidement le Sporting Club de l'Ouest (SCO), disputa son premier match, quatre jours plus tard, face au Stade Nantais Université Club pour le compte du championnat de l'Ouest. La victoire des Nantais, 2 buts à 1, lançait l'histoire du SCO d'Angers football. Ce n'est qu'à partir du 2 décembre 1919 que le statut du SCO fut définitivement établi avec l’organisation d’une assemblée générale constituante.Porté par l'envie de personnalités locales et la découverte de ce sport, le Football Association connaît un relatif succès, durant plusieurs années, avant de commencer à perdre de son intérêt en 1924.Suivent cinq années difficiles pour le SCO football, mais sous l'impulsion d'André Bertin, il renaît en 1929 et retrouve des pratiquants en 1930. Des problèmes au sein du Club Sportif Jean Bouin, en 1931, engendrent un exode massif des joueurs vers le SCO.L'arrivée des joueurs du CSJB, club considéré alors comme la meilleure équipe de l'ouest, permet d'assurer au club un essor important. Ainsi, en 1931, le club compte déjà 5 équipes différentes. La saison 1930-1931 démarre mal : le SCO se fait éliminer d'entrée, par un club de la Ligue du Centre-Ouest, l'Union Sportive Fontenaisienne. A Fontenay-le-Comte, les Angevins sont platement battus 4 à 0. Décidément, la Coupe de France ne réussit pas au SCO qui n'a plus passé un tour depuis 1921-1922. Heureusement, le championnat fait vite oublier cette déception. Les Scoïstes survolent leur groupe de 1ère série : ils remportent 5 victoires et ne sont battus (2-1) que par l'Intrépide, et encore Godard avait-il ouvert la marque. Il faut dire qu'à l'aller, les « Noir et Blanc » avaient infligé à l’Intrépide un rude 8-0. Les Parreyeurs de Bel-Air-de-Combrée, quant à eux, subissent un 7-1 final retentissant (1-1 à la mi-temps !). La Préparation Militaire de Segré est battue deux fois. Le bilan est éloquent : 24 buts marqués, 7 encaissés. Le SCO est donc qualifié pour la finale du championnat de 1ère série avec, en jeu, l'accession au championnat de Promotion d'Honneur, l'antichambre de la Division d'Honneur ! En ce 4 janvier 1931, l'adversaire a pour nom l'Etoile Sportive Couëronnaise. Les Angevins, déterminés, et en pleine euphorie, écrasent Couëron et l'emportent 6 à 0 ! Ils obtiennent ainsi la première promotion de l'histoire du SCO. Cette saison s'avère d'autant plus déterminante que les Etablissements Bessonneau décident de ne plus soutenir, à bout de bras, l'équipe du CSJB. Pourtant, celle-ci atteint son sommet en début d'année 1931 : non seulement les « Cordiers » remportent un nouveau titre de champion de l'Ouest, mais ils atteignent, en outre, les quarts de finale de la Coupe de France ! Après avoir éliminé le Football Club de Rouen (6-3) puis le Racing Club de Strasbourg (6-1), ils ne sont éliminés que par l'Olympique Gymnaste Club de Nice, à Montpellier, le 8 mars (4-1). Seul le grand Stade Rennais, finaliste en 1922, avait fait mieux dans l'Ouest.Voici ce que Le Miroir des Sports écrit à l'occasion de ce 8ème de finale de la Coupe de France contre Strasbourg : "A Amiens, Angers manoeuvra le RC Strasbourg à sa guise. A la mi-temps, les vainqueurs menaient 4-0 sur un terrain où l'on avait balayé la neige le matin. A Angers, tout le onze a fait son devoir et démontré qu'il serait temps de le classer parmi les grandes équipes françaises. S'il fallait citer quelques noms, celui du gardien Monoré vient tout naturellement sous la plume. Monoré est d'une classe qui mériterait de lui valoir la sélection (il sera par la suite pro au Stade Rennais). Il est actuellement à Joinville. S'imposera-t-il dans l'Equipe de France militaire ? Par ailleurs, les demis, en particulier Lévêque, le demi centre et au nombre des avants, le centre Poremba et le rapide ailier Pichon furent les plus remarqués."Quelles sont les raisons du renoncement de Bessonneau ? Peut-être le refus de s'engager dans le professionnalisme qui se profile et qui entrera dans les actes un an plus tard et, plus sûrement, les difficultés économiques qui commencent à frapper l'Europe, deux ans après la crise américaine de 1929 : Bessonneau déposera d'ailleurs le bilan au milieu des années 1930. Cette décision entraîne un transfert massif vers le SCO : Brandweiner, Jeudy, Lévêque, Pichon, Poremba et Weri rejoignant les « Noir-et-Blanc ». Dès lors, le SCO devient le premier club angevin et ne cessera plus de l'être. Mais on est passé tout près de voir le CSJB parmi les pionniers du football professionnel, ce qui laisse de quoi rêver... Pour le SCO, les résultats sont immédiats : la montée en Division d’Honneur est acquise dès 1932 et le titre de Champion de l'Ouest est remporté lors de la saison 1934/1935. Pour autant, le SCO désire conserver son statut amateur ce qui lui permet, lors de la saison 1942/1943, de devenir champion de France amateur. Revenons sur cette page importante de l’histoire du SCO :Le développement du football association en Anjou a connu différentes étapes depuis la création d'Angers SCO, en 1919, jusqu'à son premier titre de Champion de France Amateur, en 1943. Pour atteindre ce titre, le SCO, à partir des années 1940, a pris des initiatives importantes qui ont permis une progression spectaculaire. Il y eut, en particulier, le passage du SCO dans le groupement des clubs autorisés à utiliser des joueurs professionnels (seul Meuris était rémunéré en tant qu’entraîneur). Mais, en tout état de cause, l'évènement majeur fut le recrutement de Georges Meuris alors engagé en tant qu'entraîneur joueur. George Meuris apportera, à 35 ans, sa grande expérience : deux titres de champion de France remportés avec Lille et le Red Star, une coupe de France avec le Red Star, et international français.Les résultats sont immédiats, que ce soit en coupe de France, ou en championnat. Le parcours Angevin, en coupe de France, est auréolé de larges succès qui permettent au SCO de franchir les tours, les uns après les autres. Malheureusement, au cinquième tour, le SCO doit affronter l'équipe du Stade CAP, une équipe professionnelle issue de la fusion entre le Stade Français et le Cercle Athlétique de Paris. Une sévère défaite, 3 buts à 0, stoppera la route du SCO dans cette compétition..En championnat, les résultats sont également très bons : le SCO est premier, mais une défaite, face à Laval, permet au SC Saint-Nazaire de revenir à égalité de points. Tout se jouera donc lors de la dernière journée où le SCO reçoit les Nazairiens : les deux équipes se séparent sur un score de parité (1-1). Un nouveau match devra être disputé pour désigner un vainqueur. Il se déroulera à Nantes et le SCO gagnera cette partie, après prolongation, sur un but de son entraîneur joueur, Georges Meuris.Désormais, champion du Comité d'Anjou et qualifié pour la phase finale du championnat de France Amateur, rien ne va plus arrêter le SCO d'Angers.Lors du premier tour, le champion d'Anjou rencontre le champion de Normandie : l'Association Sportive de Deauville-Trouville. Deux matches nuls ne désignent pas de vainqueur, mais une irrégularité des Normands (le gardien, Le Guern, n’était pas qualifié) permet à Angers de franchir cette première étape.En demi-finale, les Angevins rencontrent le Bordeaux Etudiants Club (BEC). Il ne faudra qu'un match, et une victoire 4 buts à 1 des Angevins (J. Combot (2),Meuris et Perrins sont les buteurs) pour les emmener à Saint Ouen, en mai 1943, pour y affronter le Racing Club Franc Comtois de Besançon. Ces derniers ayant battu, en demi finale, Reims.Auteur d'un très bon début de match, Besançon domine ce début de partie et n'est pas loin d'ouvrir le score, lorsque Radigois commet une erreur d'appréciation sur une percée de Missoum, mais il sera supplée sur sa ligne par LeboucPar la suite, Angers va montrer le jeu construit toute l'année par Meuris : « un système de marquage identique à celui qui a fait la réputation des principaux grands clubs nationaux », mais surtout une solidarité qui leur a permis de mener le combat d'une même et identique manière. Ajoutons à cela, une organisation efficace, un placement réfléchi et, encore et toujours, la maîtrise défensive de son entraîneur joueur, Georges Meuris. Aussi, c'est logiquement, qu'en fin de première période, Perrin ouvre le score d'un tir à ras terre qui laisse le portier Bisontin sans réaction. La seconde mi-temps confirme la domination Angevine et, sur un coup franc frappé par Meuris, Combot récupère pour marquer un second but. Le score final de 2 à 0 sacre le SCO d'Angers champion de France Amateur. Un article du Miroir des Sports relate cet épisode glorieux et titre :
« Le légitime succès du S.C.O. d'Angers sur le R.C. Franc-comtois de Besançon, hier, en finale du championnat de France amateurs, a été doublement sensible au cœur des habitués de Saint-Ouen : d'abord parce que les Angevins ont pour capitaine et entraîneur Georges Meuris, ancien capitaine du Red Star et gagnant, sous les couleurs de ce club, de la Coupe de France 1942 ; ensuite parce que le S.C.O., dominé en taille, en poids et en assurance par les Bisontins, suppléa à ces diverses infériorités par l'organisation de jeu, par le placement des joueurs, et par la direction avisée, en défense, de l'arrière central Meuris.Meuris gardant la tête froide et le jugement sûr, ses coéquipiers prirent confiance petit à petit. A la 42e minute, l'avant centre angevin Perrin marqua du gauche un but rapide et Meuris avait l'air satisfait lorsqu'il prit pour le repos le chemin du vestiaire. La seconde mi-temps vit d'abord la réaction puissante et soutenue des Franc-comtois avides de combler leur retard. Leur équipe avait été remaniée dès la première demi-heure de jeu, le demi centre Herzog ayant été, dix minutes après le début, atteint d'un coup de pied au genou. Herzog essaya de tenir bon, mais force lui fut de s'exiler à l'aile droite, où il figura avec peine et douleur.Néanmoins, Myszkowsky ayant remplacé Herzog comme demi centre pour la seconde mi-temps, Besançon assiégea le but d'Angers, bénéficia de multiples coups de coin, sans parvenir à égaliser. Et il se produisit ce qui arrive toujours en pareille circonstance : les avants angevins, qui avaient le champ libre devant eux, effectuèrent des échappées rapides, incisives, plus ou moins facilement contenues. Sur coup franc botté par Meuris, le long gardien bisontin Genin laissa échapper le ballon qui, repris par le jeune ailier droit angevin Combot, se trouva, en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, bloqué au fond des filets.L'équipe d'Angers doit sa valeur avant tout à Meuris, puis, en défense, à l'arrière gauche Sanfeliu ; en attaque, à l'aile droite, Combot-Samzun, deux moins de vingt ans, et à l'avant centre Perrin qui en compte vingt et un. C'est dire que le football angevin a l'avenir devant lui, si Meuris conserve ses meilleurs joueurs actuels, et surtout si les clubs de la ville comprennent qu'un seul club de football, mais un grand, vaudrait mieux qu'une poussière de petits. G.H. »Auréolé de son titre, l'équipe angevine propose une fusion avec le CSJB, sans succès, mais, fait important, le SCO aura désormais la possibilité de jouer les matches à domicile au Stade Bessonneau. Ainsi, quatre ans plus tard, plus de 18 000 personnes seront présentes pour soutenir le SCO des Combot, Samzun, Bykadoroff et Meuris face au Stade Français de Ben Bareck. Dès l’année 1945, le SCO rentre dans l'ère du professionnalisme, sans quoi l'équipe se serait retrouvée en Promotion d'Honneur…De cette glorieuse équipe de 1943, il ne reste aujourd’hui qu’un seul survivant. Il s’agit de Lucien Radigois, le gardien de but, que j’ai eu le plaisir de rencontrer et son témoignage est un bel hommage à tous ces glorieux disparus :Bon pied, bon œil, M. Radigois (« Radi » pour les intimes…) porte allègrement ses 94 printemps. De sa carrière de footballeur, il a gardé de nombreux souvenirs qu’il a plaisir à raconter. « Un jour, je me suis retrouvé par hasard dans des buts. C’était à l’Ècole Normale… Il s’est avéré que j’étais doué et que j’y prenais du plaisir. Ensuite, je me suis retrouvé au RC Ancenis où un de mes profs de l’Ècole Normale était défenseur. C’était une drôle de sensation de le voir sous un autre jour. J’étais alors instituteur à La Possonnière et c’était l’occupation : ma carrière de gardien de but à Ancenis s’arrêta, faute de train le dimanche. Un beau jour de 1941, René Samzun et « Chonchon » Lévesque sont venus me relancer à la Possonnière pour que je vienne jouer au SCO. Chalonnes m’avait déjà demandé, mais on m’assura qu’on allait leur trouver un gardien. J’acceptais alors la proposition, mais à une condition : il n’était pas question que je fasse les trajets La Possonnière/Angers en vélo. On me promit que l’on viendrait me chercher en voiture. Les deux premiers matches, j’y suis allé en vélo ; le troisième, je n’y suis pas allé et pas de « Radi » dans les buts…La promesse a été tenue par la suite. Les bons résultats en championnat sont vite arrivés. J’ai un souvenir très précis de ce match décisif, contre St Nazaire, à Nantes : c’est la seule fois où mes parents sont venus me voir jouer. A un moment, groggy suite à un choc avec un adversaire, j’ai causé une grande inquiètude à ma mère…A cette époque, comme durant mon passage à Ancenis, je ne participais à aucun entraînement. J’étais vraiment un autodidacte. Il y avait les difficultés de déplacements et les contraintes de mon travail d’instituteur avec une inspectrice très rigoureuse. Je me rappelle de cette demi-finale, contre Bordeaux, à La Roche sur Yon. Nous étions trois « instits » avec Penvern et Pérrin et on travaillait le samedi toute la journée. Le train que nous avions pris en soirée pour aller rejoindre l’équipe à la Roche a été mitraillé entre St Georges et St Germain des Prés. Enfin, il y eut plus de peur que de mal, car ils s’étaient contentés de tirer sur la locomotive qui eut, quand même, bien du mal à rédémarrer. La nuit fut courte et la fatigue oubliée par une large victoire et les portes de la finale ouverte. C’était impressionnant de se retrouver devant 10 000 spectateurs ; il est vrai que nous étions en lever de rideau d’un match pro (CAP-Bordeaux). Nous avions une équipe très équilibrée et je pouvais m’appuyer sur une défense solide avec Meuris au centre, Sanfiliu à gauche et Lebouc à droite. Heureusement qu’il allait vite celui-là ! Il m’a sauvé la mise alors que j’étais sorti : d’un sprint dont il avait le secret, il avait rattrapé le ballon avant qu’il ne rentre dans mes cages. Les attaquants de Besançon m’avaient donné pas mal de travail, mais j’avais gardé ma cage inviolée et la victoire était au bout. Elle a été dignement fêtée et je n’ai pu remprendre la classe que le lundi après-midi : heureusement que mon inspectrice n’est pas passée par là !
Finale Championnat de France 1943 : intervention du gardien Radigois devant un attaquant bisontin.
Aujourd’hui, je suis toujours aussi fier d’avoir participé à cette aventure et d’avoir appartenu à cette équipe. Il n’y avait pas un centime en jeu, on jouait pour la gloire et pour le plaisir. C’était sain et il y avait une très bonne ambiance.J’ai passé trois saisons au SCO, puis j’ai joué à Chalonnes où on a fait quelques exploits, comme battre l’US du Mans en coupe de l’Ouest. J’ai terminé ma carrière à Champtocé. Montjean m’avait sollicité pour entraîner, mais j’ai refusé. Je n’étais qu’un gardien, complètement autodidacte, et n’avait pas la fibre pour être entraîneur. Le SCO est resté mon club de cœur et je me souviens que, dans les années cinquante, on remplissait la « quatre chevaux », ma première voiture, en partant de Champtocé, pour aller assister au match à Bessonneau… Mon fils a ensuite pris la relève dans les buts. Lui, c’est un mordu : il joue encore à NDC et encadre des jeunes à Belle-Beille. » Lucien Radigois est donc le seul rescapé de cette belle épopée. Il m’est apparu important de vous faire partager le contenu de notre entretien, ainsi que de vous faire découvrir les photos de sa collection qu’il m’a confiées. Il méritait cet hommage, tant par ses exploits passés, que par les qualités humaines et la gentillesse dont il fait preuve encore aujourd’hui.
Photos de la finale de 1943 : Collection M. Radigois
Différentes actions où le gardien Radigois avait été mis en danger par l'attaque Bisontine
Commentaires
je salue mr radigois; je suis la fille de françois penvern , je suis née en 1943 lors de la grande épopée du sco .merci à mr radigois d'avoir cité